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Facteur Poney

Telescopasseur de poésie
Compagnie Bigre ! Facteur Poney

C'est marrant, le Facteur-poney se déplace en ramant
à contre-courant, à contre-courir.
Ouï, c'est un indocile-heureux.
Dès qu'il s'arrête, son cartable ouvre la bouche en grand
comme pour une opération de sagesse cariée
et tout le petit monde s'approche délicatement autour,
et ouvre les oreilles...

Il n'est pas aboyeur de rue, et malgré son costume qui pourrait frôler le stupide,
il observe sans clownerie, pour du vrai.
Buster Keaton & Jacques Tati semblent lui tenir bonne compagnie.
Ses enveloppes,
les mêmes que celles qui chutent dans les urnes électorales
sortent de leur cachette,
à la place du timbre, c'est marqué "Bleu de Trouvail"
elles contiennent de la verbure à lucarnes
"parce qu'on ne parle pas pour ne rien voir"      dixit René Daumal,
pour l'écriture c'est pareil.
Y'a parfois du tout frais-pondu, écrit à l'instinct de l'instant par ses soins
ou bien du fruit d'archives déniché dans le panorama de la littérafflure
en sillon vivifiant qui laisse des traces aussi généreuses que régénérantes
Richard Brautigan s'y tient tout serré de Thomas Vinau,
Guillaume Siaudeau, Marlène Tissot, Nathalie Yot, Henri Michaux,  Oh Oh !
Benjamin Péret, Raymond Carver, Wislawa Szymborska et beaucoup d'autres,
emboîtent le pas...

Pour les plus jeunes, les enveloppes sont roses
comme une bibliothèque mais avec du nectar dedans,
des petits jeux d'écritures , des aphorismes, des pensées perspicaces...

Pour les jeunes depuis plus longtemps, elles sont bleues.

Ce facteur-poney peut arriver sur son étrange monture, puis aller à pied,
se rapprocher et distribuer son courrier poétique
(voire même commencer un petit atelier d’écriture, des échanges, une discussion,
des citations, de l'imprévu...

Parfois même il se transforme en « Tout-nu-l’hiver » ou en « panneau-Stop ! »
Toute ces transformations potentielles créent des images aussi surprenantes qu'attractives...
Pour pouvoir mettre les pieds dans le plat, la tête la première.

On ne rentre point bredouille au bercail
après avoir croisé le chemin de ce facteur-là.